En 2012, quelques résultats sur l'Autour des palombes ont été exploité par le CNRS de Chizé. En effet, il est difficile de donner un effectif pour cette espèce car le nombre de couple observé dépend surtout du temps passé sur le terrain. Il s'agit clairement d'une espèce sous-évaluée en raison de sa discrétion. Dans tous les cas, on peut parler d'un effectif inférieur à 10 000 couples. Ces résultats seront à considérer avec prudence car l'observatoire rapaces est encore trop "jeune" pour répondre à des question de tendances de populations précises.
Figure 1: Abondance prédite de l'Autour des palombes grâce aux données de l'enquête rapaces 2000-2002.
La Figure 1 a été réalisée en tenant compte du climat et de l’habitat susceptible d’affecter la présence et l’abondance de l’Autour des palombes. Pour le climat, c’est surtout un gradient Est/Ouest qui a été mis en évidence (calculé à partir de variables climatiques comme la variation annuelle de température). Pour l’habitat, c’est surtout la présence de forêt qui permet d’avoir de bonnes populations d’Autour des palombes. Les zones urbaines ne sont pas favorables à son installation, ainsi que les zones humides, pauvres en support pour la nidification.
Figure 2: Différences entres les comptages d’Autours des palombes réalisés en 2000-2002 et les comptages réalisés de 2005 à 2011 (source : Enquête Rapaces nicheurs de France CEBC - LPO).
La Figure 2 montre l’écart entre les données issues des comptages réalisés de 2005 à 2011 et celles issues des comptages en 2000-2002 (1er volet de l’Enquête Rapaces de France). Cet écart correspond donc à un nombre de couples pour 25 km² plus important (écart positif) ou moins important (écart négatif) relativement à ce qui a été observé en 2000-2002. Pour chaque année, les barres noires correspondent à la moyenne (trait central) et à son intervalle de confiance à 95% (les deux extrémités). Une droite de régression (ligne rouge en trait plein) est aussi ajustée aux données pour déterminer si la population augmente, est stable ou diminue. Les deux autres lignes rouges (en pointillées) délimitent son intervalle de confiance à 95%.
Ainsi, on peut voir que seul l’année 2007 a un écart significatif à l’enquête de 2000-2002 (barre noir excluant le 0 pour 2007), ce qui signifie qu’un plus grand nombre d’Autour des palombes a été observés en 2007 qu’en 2000-2002, sur les mêmes zones suivis. Par contre, il n’est pas possible de dire si aujourd’hui, l’Autour des palombes a une population plus importante ou moins importante qu’en 2000-2002 (barre noire pour l’année 2011 incluant le 0). La tendance générale des écarts montre qu’il existe une diminution des observations entre 2005 et 2011 (droite rouge), avec des observations plutôt abondantes de 2005 à 2007 et des observations plutôt peu abondantes entre 2008 et 2011. Le test statistique est d’ailleurs significatif (p-value de 0.008), pour un coefficient de -0.17 couple/25 km²/an. Cette diminution des observations au cours de ces 7 années peut refléter une diminution des effectifs mais peut aussi être due à une plus mauvaise détection de l’espèce par les observateurs. On peut tout de même noter que l’on s’attendait plutôt à l’inverse étant donné que l’Autour des palombes est une espèce difficile à détecter et que les observateurs gagnent en connaissance de terrain (aires connues) d’année en année, ce qui pourrait expliquer pourquoi les écarts des premières années de suivis (2005 à 2007) sont plutôt élevés. Cette hypothèse conduirait à penser que l’Autour des palombes diminue en France mais que ce déclin soit en partie masqué par l’amélioration de la détection des couples par les observateurs au fil des années de terrain. Restons prudent !
Par Kévin Le Rest, David Pinaud & Vincent Bretagnolle (Centre d'Etudes Biologiques de Chizé, CNRS).