Résultats 2013 : Un outil dédié au suivi des rapaces nicheurs diurnes de France !
A la suite de l’enquête nationale Rapaces nicheurs de France (2000-2002), un suivi annuel des populations de rapaces a été mis en place dès 2005 par le Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC-CNRS) et la LPO Mission rapaces. Le but de ce suivi est d’estimer les tendances de population (augmentation, diminution, stabilité) de plusieurs espèces de rapaces se reproduisant sur notre territoire, notamment les plus communes, à la fois les plus difficiles à suivre et ne faisant pas l’objet de suivis spécifiques et détaillés.
Pour cela, plusieurs centaines de bénévoles recueillent, chaque année, des données relatives à l’abondance des rapaces par des comptages du nombre de couples présents sur les carrés de 25 km². Une centaine de carrés est ainsi « programmé » chaque année et au total 576 carrés ont pu être échantillonnés entre 2005 et 2012 (79 en 2012). A noter que ce travail fait actuellement l'objet d'une thèse de doctorat en cours d'achèvement, des analyses plus poussées vont voir le jour prochainement, permettant des estimations de tendance plus précises.
En attendant, voici quelques résultats de ce suivi pour quelques espèces. Les résultats présentés ici sont basés sur les différences carré à carré du nombre de couples, avec comme référence l'enquête Rapaces diurnes 2000-2002. Ces tendances sont donc "brutes", ne faisant intervenir aucune correction en fonction de l'habitat ou de la pression d'observation par exemple. Elles permettent cependant de dégager certaines tendances notables. Les barres autour de la moyenne font référence à l'intervalle de confiance à 95 %, c'est-à-dire que si le zéro n'est pas compris dans cet intervalle, la différence avec le nombre de couples estimés en 2000-2002 peut être considérée comme significative.
Figure 1 : Tendance de différentes espèces suivies entre 2005 et 2012, en comparaison directe à l'enquête nationale 2000-2002.Les barres autour de la moyenne font référence à l'intervalle de confiance à 95 %.
Avec un nombre conséquent de carrés échantillonnés depuis 2005, la durée de suivi commence à être pertinente. D'une manière générale, on observe systématiquement des variations interannuelles (bien connues chez les populations de rapaces) mais aussi, pour certaines espèces, une tendance à la diminution (Buse variable, Faucon crécerelle, Busard Saint Martin, et peut-être Busard cendré) ou à l'augmentation des effectifs par rapport à 2000-2002 (Milan noir), même si toutes ne sont pas statistiquement significatives et doivent être confirmées par des analyses corrigeant les biais éventuels. Ces espèces étant connues pour montrer des variations interannuelles fortes en relation avec leurs proies, ces tendances doivent aussi être confirmées par des observations sur un nombre important d'années, supérieur à la durée des cycles.
Concernant la pression d'observation, le nombre de carrés suivis par an est relativement stable, même si légèrement en deçà de l'objectif annoncé de 100 carrés par an.
Figure 2 : Nombre de carrés suivis par année.
La répartition des carrés suivis depuis 2005 est satisfaisante avec un turn-over essentiel pour une bonne représentativité des données, malgré quelques régions répondant systématiquement peu ou pas du tout. Ceci montre qu'il existe une marge de progression pour améliorer l'échantillonnage de ce suivi unique en Europe et dans le Monde !
Figure 3 : Carte des carrés suivis au moins une fois lors de l'observatoire rapaces, cumulé sur la période 2005-2012.
Pour conclure, ces résultats montrent que l'observatoire rapaces affine année après année sa capacité à établir les tendances des populations de rapaces diurnes en France.
Par Kévin Le Rest, David Pinaud & Vincent Bretagnolle (Centre d'Etudes Biologiques de Chizé, CNRS), avec l’aide de Laurent Lavarec (LPO Mission Rapaces).
Source : Rapaces de France - L'OISEAU magazine - hors-série n°15 - 2013.