Choix du protocole
La mise en œuvre d’un second inventaire des rapaces nicheurs de France aurait pu n’être seulement que l’extension du premier, avec application à la lettre du protocole utilisé précédemment. En 1979, les rapaces venaient d’être placés sous protection […] La démarche initiée en 2000, en revanche, considère l’inventaire comme un outil pour la connaissance précise des espèces et de leurs habitats sur le territoire français. Il devenait donc nécessaire d’éclaircir les aspects peu abordés par les atlas précédents, d’avoir une vision plus fine et à différentes échelles de la distribution des populations et de dégager leurs tendances d’évolution en vue d’orienter des logiques de conservation et de surveillance. Par ailleurs, alors que l’inventaire de 1979 ne concernait que 13 espèces de rapaces diurnes non rupestres en France, celui de 2000 prend en compte la totalité des nicheurs diurnes de France, qu’ils soient rupestres ou non, ce qui porte à 24 le nombre d’espèces inventoriées.
Les carrés centraux, base de la stratégie d’échantillonnage
Compte tenu de la diversité des espèces, des habitats et de la topographie, il est irréaliste de proposer une méthode unique pour inventorier les espèces présentes et quantifier leur abondance. Plusieurs techniques sont donc laissées au choix des observateurs :
– échantillonnage systématique de carreaux d’un ou deux kilomètre(s) carré(s) ;
– échantillonnage pseudo-aléatoire ;
– recherche simultanée ;
– recherche systématique des aires en hiver.
Recensement des rapaces sur les carrés centraux
Afin de couvrir l’ensemble du territoire, l’échantillonnage repose sur la couverture nationale de l’IGN et son maillage de cartes au 1/25 000. Autour de chaque centre de carte IGN, un quadrat de 25 km², soit un carré de cinq kilomètres de côté, est défini pour une prospection exhaustive par les observateurs. Cette superficie résulte d’un compromis entre un temps de prospection réaliste et une surface supérieure à la dimension des domaines vitaux de la plupart des espèces. Chaque quadrat représente donc environ 10 % de la superficie d’une carte. Les cartes dont la majeure partie se situe en mer ou sur un pays frontalier ont été retirées de l’échantillonnage.
Les indices de nidification utilisés
Bien que les indices puissent fortement varier d’une espèce à l’autre, une grille simple, inspirée de celle retenue pour le nouvel atlas des oiseaux nicheurs de France, a été utilisée.
Indices possibles de cantonnement
1. Un individu vu en période de nidification, près ou dans un milieu favorable.
2. Deux individus (un couple) vus en période de nidification, près ou dans un milieu favorable.
3. Observations répétées d’adultes dans un habitat favorable.
Indices probables de nidification
4. Comportements territoriaux : vols et cris de parade nuptiale (un individu), vols nuptiaux (deux individus), cris d’alarme lors du passage d’un prédateur éventuel (animal ou humain), attaques d’un autre rapace ou d’un corvidé (défense du territoire ou de la nichée).
5. Indices d’occupation d’un territoire ou d’un nid : postes de plumées des proies (plumoirs) régulièrement utilisés (épervier d’Europe, autour des palombes), plumes de mue (les femelles au nid commencent à muer pendant la couvaison).
6. Indices de fréquentation ou d’appropriation d’un nid : transport de matériaux, aire fraîchement rechargée, ou adulte posé sur un nid.
Indices certains de reproduction
7. Transport de proie sur une grande distance.
8. Passage de proie entre mâle et femelle.
9. Nid avec œufs, poussins ou jeunes non ou mal volant.
Les indices 2 et 3 indiquent un couple possible, alors que les indices 4 à 9 indiquent un couple probable ou certain. L’indice 1 n’est pris en compte que pour les espèces les plus difficiles à contacter (autour des palombes, épervier d’Europe, faucon hobereau, aigle botté).
Par souci de simplification, et dans la mesure où, selon les années, une proportion variable de couples se reproduit effectivement, les indices certains et probables sont regroupés.
Deux catégories sont donc retenues :
- les couples certains / probables, effectivement reproducteurs, ou défendant un territoire ;
- les couples possibles, principalement ceux dont le cantonnement sur le carré central n’a pu être établi avec certitude.