L'Observatoire rapaces s'est mis en place en 2004 et monte depuis en puissance, en augmentant sa couverture régionale et le nombre de carrés suivis. Cette année 2009 voit cependant un léger ralentissement dans la progression, puisque 99 carrés ont été inventoriés contre 104 en 2008 (voir l’évolution présentée en figure 1).

Cette année 2010 devrait voir à nouveau une couverture en augmentation grâce au déploiement de l’enquête « busards ». A noter que 31 carrés supplémentaires ont aussi été effectués, mais ils n’ont pas été inclus à ce stade dans la présente analyse car ils visaient des espèces particulières (milan royal). Ils l’ont été par contre pour l’analyse spécifique milan royal présentée ci-après. La répartition des 99 carrés échantillonnés est assez homogène sur le territoire national (figure 2), avec cependant certaines zones toujours non couvertes (centre de la France, Bretagne etc.). Ces larges trous dans la couverture ajoutent de l’imprécision dans les estimations des effectifs.

Au total sur les 99 carrés en 2009, 1 779 couples (possibles, probables et certains) ont été contactés. 2/3 des couples comptabilisés concernent trois espèces : la buse variable (33,5 %) suivie du faucon crécerelle (24 %) et de l’épervier d’Europe (10 %). Des espèces rares ont été aussi contactées sur des carrés : élanion blanc en Aquitaine, vautour fauve et percnoptère dans les Pyrénées et en Provence, gypaète barbu dans les Pyrénées et en Corse. A partir de ces données, nous pouvons, par exemple, inspecter la richesse spécifique (nombre d’espèces par carré) à l’échelle de la France. Chaque observateur renseignant le temps passé à prospecter sur le carré, nous pouvons inclure cette donnée dans les calculs, le nombre d’espèces détectées sur un carré augmentant généralement avec l’effort de prospection. En interpolant ces données à l’ensemble du territoire (Figure 3), des zones moins riches se dessinent : le Nord, la Bretagne, les Landes, la Provence… certaines de ces régions étant connues par leur faible richesse en rapaces.
Figure 3 : Richesse spécifique pondérée par le temps passé à prospecter pour l’année 2009. Les points verts présentent les carrés (les plus riches en foncé), les données interpolées spatialement sont présentées en fond, les zones les plus riches en rouge.

Un exemple : répartition et effectifs de la buse variable
Les données 2009 peuvent être analysées au niveau spécifique, par exemple avec la buse variable. Cette espèce est la plus courante en France, pour 2009, elle a été contactée sur 95 % des carrés, au total 596 couples possibles et certains. Le maximum rencontré sur un carré est de 23 couples (en Haute-Loire). Une interpolation spatiale à l’aide du krigeage permet de déterminer les densités sur le territoire national (figure 4).

Cette interpolation permet d’estimer l’effectif national pour 2009 à 113 000 couples (min 99 000 – max 129 000). En replaçant cette estimation par rapport aux suivis précédents, une diminution des effectifs est observée (-20 % par rapport à 2000/2002, Figure 5).

Lorsque l’on compare carré à carré pour les carrés effectués à ces deux périodes, on constate une diminution de 10 %. Ces chiffres peuvent paraître inquiétants, ils sont cependant à manier avec prudence car de larges zones ne sont pas, ou mal échantillonnées (cela limite fortement la puissance de l’analyse) et les populations de rapaces sont connues pour montrer de fortes variations interannuelles sans pour autant montrer un déclin des populations à long terme. Ces résultats demandent à être confirmés par la suite et des analyses plus poussées sont d’ores et déjà en cours. Il faut noter toutefois que ce déclin apparent est assez constant depuis 2004-2007.
Le cas du milan royal
L’enquête spécifique de 2008 montrait une diminution inquiétante de la population française (voir le précédent numéro), de l’ordre de 20 % entre 2000 et 2008. Les données de 2009 ne nous permettent pas d’estimer précisément la taille de la population nationale (figure 6).

Nous pouvons cependant comparer les relevés sur les carrés ayant été suivis plusieurs années de suite (figure 7). Elle nous indique que la chute des effectifs se poursuit, puisqu’entre 2008 et 2009, les carrés suivis perdent en moyenne près d’un couple (-0,97). Cette baisse n’est pas homogène selon les densités observées.
Figure 7 : Comparaison carré à carré pour le milan royal pour les périodes 2000/02, 2008 et 2009. Seuls les carrés ayant été échantillonnés au moins deux années et ayant abrité au moins un couple de milan royal sont comptabilisés.

La figure 8 nous indique que ce sont encore une fois (voir précédent numéro) les carrés abritant un nombre important de couples qui accusent la plus forte baisse.

Par Vincent Bretagnolle & David Pinaud (Centre d’études biologiques de Chizé, CNRS), avec l’aide de Fabienne David (LPO Mission Rapaces).
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